Libres Expressions

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Civilisations anciennes


Une cité ancienne découverte au Cambodge

Azzedine G. Mansour – 27 août 2013

 

Grâce à une nouvelle technologie, celle du laser « LiDAR », une équipe d’archéologues a localisé les vestiges d’une ancienne cité à proximité d’Angkor et le réseau urbain qui les reliait ensemble.

 

En juin dernier, une équipe d’archéologues franco-australiens a fait une importante découverte qui vient affiner davantage nos connaissances sur l’histoire urbaine du Cambodge et sur la fondation des cités dans son ancienne civilisation Khmer. À 40 km au nord-est d’Angkor, ces archéologues dirigés par Damian Evans, directeur du centre de recherches archéologiques de l’université de Sydney, ont mis au jour les vestiges d’une ville entière, la fameuse cité de Mahendraparvata, évoquée dans des textes khmers très anciens.

Cambodge_cite3.jpgQuelques images de la cité retrouvée. Sur le relevé du relief, les zones en vert représentent des découvertes archéologiques déjà documentées. Celles en rouge montrent, en revanche, les récentes découvertes cachées par la jungle – Source : Damian Evans, Université de Sydney et National Geographic (édition : Histoire, no. 6, septembre 2013, p. 8)

 

Bâtie par Jayavarman II, fondateur de l’empire Khmer [*], 350 ans avant sa voisine Angkor Vat, cette cité, disparue depuis plusieurs centaines d’années sous la jungle épaisse de la région du Siem Reap (nord-ouest du Cambodge), aurait été la première capitale khmère, il y a près de 1 200 ans. Ensevelie entre les racines et la terre, Mahendraparvata, qui ne semble pas avoir été la proie des pillards, surplombait autrefois la montagne Phnom Kulen et présentait des formes construites qui aurait largement inspiré l’architecture d’Angkor.

 

C’est grâce à l’utilisation d’une technologie de télédétection utilisant des lasers, le « LiDAR », que archéologues aient pu localiser la cité perdue. Pendant deux jours, ils ont survolé la région à bord d’un hélicoptère. Aidés de leur nouvel instrument, qui permet de détecter le moindre objet – qu’elle qu’en soit sa taille – enfoui dans le sol, et de leur guide, un ancien khmer rouge qui connait bien la jungle, ils se sont mis à cartographier la zone survolée. Tout d’un coup, ils ont vu se générer sur leur écran une image instantanée d’une cité ingénieusement structurée, dotée de routes, de digues et de canaux, dont personne ne connaissait jusque-là l’existence.

 

Sur le terrain, ils ont d’abord reconnu les vestiges d’un ancien temple effondré. Ensuite, en s’enfonçant dans la jungle, à travers rivières et marais, ils ont fini par trouver d’autres ruines beaucoup plus imposantes, celles de cinq autres temples non connus, et de nombreuses preuves matérielles qui indiquent l’existence d’anciens canaux, digues et routes… En effet, sous l’épaisse végétation, ils ont pu identifier un réseau dense de rues et d’avenues – difficile à distinguer depuis le ciel – qui relient les différentes cités et édifices religieux de la région, tels que Angkor Vat, Angkor Thom et Bayon, aux ruines moins fréquentées de Phnom Kulen, Beng Mealea et Koh Ker à plus de 100 km de distance.

 

Cela dit, la trouvaille dont il est question ici n’est pas le résultat du hasard. Elle est l’aboutissement de plusieurs années de recherches archéologiques visant à pister cette ville disparue après la découverte, il y a quelque temps déjà, d’une série d’inscriptions murales datant de la même époque. Le recours au « LiDAR » a simplement facilité la tâche. Il a permis de localiser rapidement ce qui aurait autrement exigé plusieurs années, voire même plusieurs décennies, d’expéditions et d’explorations sur le terrain. Encore faut-il préciser que la technologie utilisée ne permet de couvrir qu'un périmètre restreint. Ce qui vient d’être découvert n’est peut-être que la partie centrale de la cité. Des investigations in situ beaucoup plus étendues risquent de déterrer d’autres structures anciennes non moins surprenantes qui fourniraient de nombreux indices sur l’ampleur de l’urbanisation dans cette région, il y a plus de 1 200 ans. Déjà, nous savons qu’il existe au moins deux douzaines de temples qui restent encore dissimulés sous la végétation ou enterrés sous terre dans cette zone.

 

Espérant, enfin, que cette découverte puisse apporter, comme le précisait un article du National Geographic (édition : Histoire, no. 6, septembre 2013, p. 8), de nouvelles pistes aux chercheurs pour expliquer (à la fois l’organisation des cités et) le déclin de la civilisation khmère. »

 

On peut écouter les explications du chef de la mission, l’archéologue australien Damian Evans, sur l’enregistrement vidéo ci-dessous.

 


 

Note :

 

[*] L’empire khmer a été fondé en 802 après J.-C., soit trois cent cinquante ans avant le temple emblématique d’Angkor Vat [début du XIIe siècle].

 

Mots clés : Cambodge, Angkor, Mahendraparvata, cité perdue, 1 200 ans, jungle, LiDAR, archéologie, civilisation ancienne, Khmer, Jayavarman II.

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, « Une cité ancienne découverte au Cambodge », in : Libres Expressions, 27 août 2013 (https://azzedine-gm.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-10221672-une_cite_ancienne_decouverte_au_cambodge.html).


28/08/2013
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Métissage des humains : une réalité très ancienne...

Azzedine G. Mansour – 12 août 2013


Tout comme aujourd’hui où le brassage des populations est un phénomène de plus en plus répandu, aux époques reculées où plusieurs espèces humaines coexistaient, un métissage entre notre propre espèce, celle des Homo sapiens, et d'autres humains archaïques a sans doute eu lieu. Longtemps nié par l’homme moderne, un tel métissage est devenu, grâce aux avancées de la recherche génétique, une évidence. Non déplaise aux farouches défenseurs des races pures, de nombreux scientifiques pensent que, sans ce métissage, nous aurions probablement connu une tout autre destinée...


Dans un article, publié dans le magazine "Pour La Science" (no. 430, Août 2013, pp. 58-64 ; résumé disponible en ligne à : http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-le-metissage-des-especes-humaines-31751.php), Michael Hammer aborde cette question d’hybridation "qui pourrait être, selon lui, à l'origine du succès même de notre espèce". Il faut dire que, depuis les débuts de l'étude du génome humain, au cours des années 1980, une théorie dominante fait de plus en plus l'unanimité chez les scientifiques. Jusque-là, on pensait qu’Homo Sapiens, espèce d’origine africaine, avait remplacé tous les humains archaïques qui vivaient sur terre successivement sur le continent africain et en Eurasie. La génétique montre qu’en fait, depuis leur apparition en Afrique, il y a quelque 200 000 ans, et tout au long de leur migration vers d’autres régions du globe, notamment vers l’Eurasie, les Homo Sapiens n’ont cessé de se métisser avec les formes humaines archaïques (Homo neanderthalensis, Home floresiensis, etc.) qu’ils croisaient au cours de leur expansion. Ils auraient donc profité des gènes de ses formes, qui étaient très bien adaptées à leurs environnements respectifs, pour mieux s’intégrer, eux aussi, à leurs nouveaux milieux de vie et finir par les supplanter progressivement partout sur la planète.

PLS430_pp.60-66.jpgIllustration : les trois théories expliquant l’origine de l’Homo Sapiens.

Source : Michael Hammer, « Le métissage des espèces humaines », in: Pour La Science, no. 430, Août 2013, pp. 58-66.

 

Cette façon de concevoir notre évolution, qui se rapproche plus ou moins de la "théorie de l’assimilation", remet radicalement en question le fameux "modèle de remplacement africain" qui dominait en préhistoire depuis plus de 25 ans (voir l'illustration ci-dessus). Il faut dire que les progrès rapides qu’a connus le séquençage de l’ADN depuis les vingt dernières années en ont largement contribué. Grâce à cette avancée, en effet, nous savons maintenant que nous portons tous, dans notre ADN, une part de l’ADN d’autres espèces humaines plus anciennes. Selon des études génétiques récentes, l’ADN des non-africains actuels, à titre d’exemple, contient 1 à 4 % d’ADN néandertalien.

 

Mots-clés : Homo Sapiens, métissage, hybridation, Afrique, Eurasie, ADN, génétique, paléontologie humaine,…

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, « Métissage des humains : une réalité très ancienne... », in : Libres Expressions, 12 août 2013 (https://azzedine-gm.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-10191672-metissage_des_humains___une_realite_tres_ancienne_.html).


12/08/2013
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Archéobotanique : l’Iran, berceau de l’agriculture…

Azzedine G. Mansour – 12 août 2013

 

Sur la question de l’émergence de l’agriculture, les spécialistes de la préhistoire sont unanimes : elle serait née dans le Croissant fertile, au Moyen-Orient, il y a plus de 11 000 ans. Des foyers, qui auraient été développés simultanément, ont été identifiés dans toute la partie ouest et centrale de la région, sur les territoires actuels du Liban, de Chypre, d’Israël, de la Palestine, de la Jordanie, de la Syrie, de la Turquie et de l’Irak.

 

Toutefois, depuis les deux dernières années, de nouvelles recherches en archéobotanique sont venues réviser totalement cette théorie. Désormais, le berceau de l’agriculture ancienne s’étire vers le sud-est, jusqu’à l’Iran. C’est, en tout cas, ce que révèlent de récentes fouilles effectuées par une équipe d’archéologues, rattachée à l’Institute for Archaeological Sciences de l’Université de Tübingen (Allemagne), sur le site du village de Chogha Golan, situé dans une région semi-aride de l’ouest de l’Iran, dans les contreforts des monts Zagros, à une altitude d’environ 485 m.

 

F1.large.jpgIllustration : les différents foyers de développement de l’agriculture ancienne au Moyen-Orient.

Source : http://dienekes.blogspot.ca/2013/07/early-agriculture-from-iran.html

 

Le site examiné conserve des dépôts archéologiques sur une profondeur de 8 mètres, parmi lesquels on a retrouvé de nombreux vestiges de pierres taillées, de figurines d’argile, de mortiers et de pilons. Il comporte onze couches successives remontant à des époques datées entre 12 000 et 9 800 ans et a été occupé en permanence durant les 2 200 ans qui séparent ces deux dates.

 

Simone Riehl et ses collègues, Mohsen Zeidi  et Nicholas J. Conard, y ont recueilli 21 000 fossiles de plantes (116 espèces environ) parmi lesquelles figuraient de l’orge et du blé sauvages, des lentilles et des légumineuses. Ils y ont retrouvé également des traces de faune (chèvres, gazelles, bovidés, lièvres, poissons, crustacés d’eau douce, etc.).

 

L’analyse des fossiles de ces différentes espèces végétales, couvrant une période de plus de 2 000 ans, a révélé une évolution de souches sauvages vers des souches proches des espèces domestiques actuelles. Ce qui laisse entendre que les habitants de cette région, qui étaient probablement encore des chasseurs-cueilleurs, auraient commencé à cultiver ces variétés de plantes il y a 11 300 ans, deux siècles à peine après les plus anciennes traces d’agriculture mises au jour en Israël, en Jordanie, en Irak et en Syrie (à Jéricho, il y a 11 000 ans ;  au nord de l’Irak, il y a 13 000 ans environ)...

 

Cette découverte, rendue publique le 5 juillet dernier dans la revue Science Magazine (Simone Riehl, Mohsen Zeidi, Nicholas J. Conard, “Emergence of agriculture in the foothills of the Zagros Mountains of Iran”, in: Science, Vol. 341, July 5, 2013, p. 65 ; résumé disponible en ligne à : http://www.sciencemag.org/content/341/6141/65), relance le débat sur la manière avec laquelle l’homme chasseur-cueilleur aurait amorcé sa transition vers le mode de vie des agriculteurs sédentaires. La révolution agricole du néolithique a-t-elle commencé en un lieu précis avant de se propager dans l’ensemble du Croissant fertile ou a-t-elle vu le jour simultanément et de façon indépendante en plusieurs points de cette région ?

 

Les auteurs de cette étude penchent, en tout cas, pour la seconde hypothèse. En effet, tel qu’ils le démontrent, l’apparition du foyer agricole de Chogha Golan presque aussitôt que dans des sites localisés beaucoup plus à l’ouest du Croissant fertile laisse croire qu’il s’agissait d’un événement entièrement indépendant et suppose que le passage à l’agriculture devenait inévitable dès lors que les conditions climatiques et environnementales (fin de la dernière glaciation) soient devenues favorables...

 

Pour plus de détails sur cette découverte, consulter les comptes rendus publiés par :

 

- G. J., « L’Iran, un berceau agricole ? », in: Pour La Science, no. 430, Août 2013, p. 9.

- Michel De Pracontal, « Les débuts de l'agriculture en Iran ancien », in: Mediapart.fr, 6 juillet 2013 ; disponible sur son blog à l’adresse : http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-de-pracontal/060713/samedi-sciences-95-les-debuts-de-lagriculture-en-iran.

- “Early Agriculture from Iran”, in: Dieneke’s Anthropology Blog, July 5, 2013 ; disponible à l’adresse : http://dienekes.blogspot.ca/2013/07/early-agriculture-from-iran.html.

- Bruce Bower, “Agriculture's roots spread east to Iran. Finds at ancient village extend early crop cultivation across the Fertile Crescent”, in: Science News, Web edition: July 4, 2013, Print edition: August 24, 2013, Vol. 184, no. 4, p. 13 ; disponible en ligne à  l'adresse suivante : http://www.sciencenews.org/view/generic/id/351427/description/Agricultures_roots_spread_east_to_Iran.

 

Mots-clés : Néolithique, agriculture, sédentarisation, Croissant fertile, Iran, Zagros, Chogha Golan, archéologie, archéobotanique,...

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, « Archéobotanique : l’Iran, berceau de l’agriculture… », in : Libres Expressions, 12 août 2013 (https://azzedine-gm.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-10191439-archeobotanique___l_iran__berceau_de_l_agriculture.html).


12/08/2013
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Le soutien-gorge est-il vraiment une invention moderne ?

Azzedine G. Mansour - 23 septembre 2012

 

On nous a toujours dit que le premier prototype de soutien-gorge fut breveté en 1859 à New York par Henry S. Lesher. Depuis, il n'a pas cessé d'évoluer, au nom du confort et de la sensualité, pour devenir ce sous-vêtement féminin bien connu qui comporte deux bonnets et des bretelles servant à soutenir et mettre en valeur les seins. Avant cette date, on croyait que la femme n'avait porté que l'apodesme, une sorte de bandage formant une ceinture sous la poitrine pour la maintenir, puis le corset.

 

Cette croyance est erronée ! En effet, lors de fouilles effectuées en 2008 sous le plancher du Château de Tyrol, une équipe d'archéologues autrichiens de l'Université d'Innsbruck avait mis au jour plusieurs pièces de lingerie féminine datant de la fin du XIVe siècle au début du XVe siècle. Parmi ces pièces figurait un soutien-gorge similaire aux modèles modernes (voir ci-dessous), prouvant ainsi que les femmes le portait déjà à l'époque médiévale...

 

Source : "Soutif médiéval", in : Ça M'intéresse, no. 379, septembre 2012, p. 18.

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, "Le soutien-gorge est-il vraiment une invention moderne ?", in : Libres Expressions, 23 septembre 2012 (https://azzedine-gm.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-9544473-le_soutien_gorge_est_il_vraiment_une_invention_mod.html).


24/09/2012
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Le plateau de Gizeh en 3D

Azzedine G. Mansour – 19 juin 2012

 

Après avoir soutenu les travaux de recherche de l’architecte français Jean-Pierre Houdin et l'égyptologue américain Bob Brier, puis réalisé une visualisation numérique de leur théorie de construction de la pyramide de Khéops, la société Dassault Systèmes vient de mettre en ligne, sur son site Internet, une reconstitution 3D de l’ensemble du plateau de Gizeh. Grâce à cette prouesse technologique, on peut désormais avoir droit une visite virtuelle guidée de cette merveille architecturale de l’Égypte ancienne. On peut, en effet, pénétrer à l’intérieur de la pyramide de Khéops et visiter les chambres funéraires de cette célèbre nécropole depuis notre salon. Loin d’être un gadget, cette innovation constitue indubitablement un outil pédagogique important en matière d’éducation.

 


Pour visualiser ces animations 3D, suivre les liens suivants

 

Théorie de construction de la pyramide de Khéops

 

Un voyage unique au cœur du plateau de Gizeh

 

Mots clés : Égypte ancienne, Gizeh, Khéops, Jean-Pierre Houdin, Bob Brier, Dassault Systèmes, reconstitution 3D, visite virtuelle.

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, « Le plateau de Gizeh en 3D », in : Libre Expressions, 19 juin 2012, (https://azzedine-gm.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-9376868-le_plateau_de_gizeh_en_3d.html).

 


19/06/2012
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