Libres Expressions

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Guerre d’Algérie et l’exode des pieds-noirs.

Remettre les pendules à l’heure…

Azzedine G. Mansour – 9 avril 2012

 

En France, la commémoration du 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie est marquée par un programme sans précédent qui cherche à imprégner durablement la mémoire les nouvelles générations et forger chez elles une vision qui ne s’écarterait pas trop du discours officiel tenu jusque-là sur ce qui s’est passé pendant 132 ans sur l’autre rive de la Méditerranée. Films, documentaires, expositions, colloques, livres, éditions spéciales de magazines et un nombre impressionnant d’articles, etc. viennent souligner à grand renfort cette importante date.

 

Le conflit commence le 1er novembre 1954. Le Front de libération nationale (FLN) déclenche alors la lutte pour l'indépendance. L'armée coloniale française multiplie ses opérations à l'échelle de tout le territoire algérien, comme ici en Kabylie en 1955.

 

La plupart d’entre eux ont veillé à ne pas déborder la ligne qu’a implicitement tracée le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, lorsqu’il déclara à la mi-janvier devant l’assemblée nationale de son pays que le gouvernement français s’est mis d’accord avec son vis-à-vis algérien sur le principe de célébrer cet événement « dans un esprit de modération, en évitant les extrémismes de tous bords » et « de regarder le futur, en essayant de fonder la relation franco-algérienne sur l’avenir et non sur le passé. » [1] Mieux encore, leurs contenus respectifs ne s’écartaient guère de la version officielle, demeurant ainsi « compatibles, comme le constatait Abed Charef, avec le discours traditionnel de la droite française » [2], discours qui se résume en quelques phrases phares à laquelle nous sommes tant habituées : la guerre d’Algérie fut marquée par des excès des deux côtés ; la France a écrasé militairement l’insurrection nationaliste mais la décolonisation s’imposait d’elle-même ; « une bonne partie des Algériens étaient attachés à la France mais le radicalisme du FLN les a empêchés de jouer à fond la carte de la fraternité ; le FLN défendait a utilisé un moyen injustifiable, le terrorisme ; le jusqu’auboutisme des colons a empêché tout compromis ; la guerre a été une succession de rendez-vous ratés, etc. » [3]

 

D’autres, en revanche, produits par des auteurs nostalgiques de l’Algérie française et frustrés d’avoir perdu une colonie, ses richesses, ses terres, ses esclaves, etc., défendent des thèses fascistes très proches de l’OAS et se refusent d’admettre que le colonialisme est hideux, abominable et condamnable sans appel. Leurs voix s’élèvent ainsi dans le but de culpabiliser les Algériens d’avoir engagé une violence contre des pieds-noirs et des harkis présumés innocents. Parmi les productions de cette catégorie, deux restent retiennent particulièrement l’attention et méritent des commentaires visant à « remettre les pendules à l’heure ».

 

La guerre d’Algérie et la présumée « invasion barbare » de l'Occident

 

Le premier texte est une interview que le Dr Jean-Claude Pérez, ancien membre de l’État-major de l’OAS, a accordée à Fabrice Dutilleul [4]  à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage : « L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle » [5], dans lequel il développe l’idée farfelue d’un « péril arabo-islamiste » à l’assaut du monde. Faut-il rappeler ici, pour ceux qui le ne connaissent pas, que Jean-Claude Pérez est Français d'Algérie d'origine espagnole, né en 1928 à Bougie sur la rive sud de la Méditerranée. Il fut l'un des chefs historiques de l’Organisation armée secrète (OAS), une organisation terroriste armée qui s’est opposée à la décolonisation en commettant les pires crimes (attentats, assassinats, enlèvements, sabotage, etc.), d’une part, contre la population algérienne autochtone majoritairement en faveur de l’indépendance et, d’autres part, contre des personnalités politiques, des fonctionnaires du gouvernement français, des intellectuels et des organes de presse favorables à une négociation avec le Front de libération nationale (FLN), en Algérie comme en métropole. Son parcours de militant pour l’Algérie française et pour le maintien de l’ordre colonial en Afrique du Nord l’a amené de l’ORAF (Organisation de la résistance de l'Algérie française) à l’ORO (Organisation-Renseignement-Opération) puis au commandement de l’OAS où il joua un rôle capital. Il a, à ce titre, les mains tâchées du sang de milliers de victimes de la terreur dont il a été en partie l’instigateur...

 

Opposée à l'indépendance et partisane du maintien de l'ordre colonial en Algérie, l'Organisation armée secrète (OAS) multiplie attentats, assassinats, enlèvements, sabotage, etc., comme ici au port d'Alger, le 2 mai 1962, où elle fait exploser une voiture piégée faisant 110 morts et plus de 150 blessés parmi les dockers...

Source : Les Cahiers de l'Express, Hors-série : Guerre d'Algérie (1954-1962), № 11, mars-avril 2012, p. 75.

 

Avec ce nouveau « torchon », dans le sens d’écrit sans valeur, qui offre une conception manichéenne du monde d’hier et d’aujourd’hui – Pérez en a produit plusieurs –, il tente de donner un autre sens au terrorisme de son organisation et déguiser les horribles crimes dont elle s’est rendue coupable en lui faisant porter une nouvelle toge, celle d’un prétendu « combat » pour la liberté d’un monde confronté à une hypothétique « soumission programmée aux exigences des ‘Épîtres jihadiens’ », pour ne citer ici qu’une seule des énormes inepties auxquelles il a souvent habitué ses lecteurs. Faisant une fixation quasi obsessionnelle sur la perte irréversible de son « Algérie française », fixation qui semble s'imposer d’ailleurs à son esprit de façon itérative et incoercible si bien qu’elle frise quelque peu la schizophrénie et provoque chez lui une ambivalence de pensées doublée d’une perte manifeste de contact avec la réalité, il cherche à inscrire les actions de terreur, menées il y a plus de cinquante ans par l’OAS sur la terre algérienne, dans le cadre d’« une révolution universelle que le monde actuel (serait) en train de vivre » face à une présumée menace de plus en plus invasive de l’idéologie arabo-islamiste « qui voudrait, selon lui,  imposer la charia à l’humanité » tout entière. Avec un tel raisonnement dont la succession des idées souffre manifestement d’une incohérence pour le moins insolite, les sept années de guerre de libération de l’Algérie (1954-1962) n’aurait été qu’une « étape » de cette menace globale, alors que les actes terroristes de l’OAS auraient fait, eux, partie d’« un combat annonciateur des confrontations actuelles et futures qui (nécessitent) une résistance organisée et fédérée, disait-il, de l’Occident chrétien contre l’opération d’invasion tentaculaire et permanente conduite, à l’échelon universel, par l’arabo-islamisme fondamentaliste ».

 

Cet illogisme exécré et exécrable, qui n’a d’égal que la mauvaise foi dont J.-C. Pérez nous a habitué dans ses vaines tentatives de « réécriture » de l’histoire, exploite à fond la très lucrative et non moins ridicule thèse du « péril vert » et démontre combien cet extrémiste partisan d’une éternelle domination française de l’Algérie ne parvient toujours pas à admettre, un demi-siècle plus tard, que cette terre et son peuple connaissent désormais – et fort heureusement d’ailleurs – un autre destin que celui auquel l’abominable colonialisme les avait soumis pendant plus de 130 ans. Il illustre également combien ce pauvre homme, tenaillé au plus profond de lui par une nostalgie obsédante d’une ère pourtant révolue, est incapable non seulement de percevoir la guerre d’Algérie comme l’expression ultime d’un peuple meurtri qui cherchait à se libérer du joug aliénant et avilissant d’un système colonial abjecte, mais de regarder aussi l’issue de ce terrible conflit et la décolonisation autrement que comme une « capitulation » d’un occident « civilisé » devant un orient à la fois « barbare » et hégémonique. « Inaugurée, selon lui, par (le général) De Gaulle à Évian, les 18 et 19 mars 1962 », cette capitulation, qu’il impute également – et de façon on ne peut ridicule – « au capitalisme financier international (…) soumis (lui-aussi) à l’argent liquide des grandes banques arabes », aurait été, selon lui, « l’événement souche des drames actuels et futurs » du monde occidental en général et de la France en particulier. Épousant bêtement et sans nuance le discours anti-arabe de l’extrême-droite française, il laisse croire que « l’incertitude que connait (aujourd’hui la république sur tous les plans : économique, social et politique, son) appauvrissement (…) et le comportement (prétendument) invasif d’émigrés animés d’une volonté de conquête », sont étroitement liés à la décolonisation et, par conséquent, à ce qu’il appelle improprement la « défaite de la France gaulliste en Algérie » dont la conséquence fut la perte de son « Algérie française ».

 

Un tel discours n’étonne guère surtout quand il émane d’un esprit aussi tourmenté et exalté que celui d’un extrémiste dont les actes terroristes ont été à l’origine de l’exode de milliers de pieds-noirs au lendemain des Accords d’Évian. C’est à cause de son entêtement en faveur du maintien d’une Algérie française, vouée pourtant à disparaître puisqu’elle incarnait le modèle même de la ségrégation et de l’injustice, que le fossé s’est élargi davantage entre deux communautés qu’une Algérie nouvelle avait toutes les chances de rassembler pour le bien de tous. En effet, au lieu d’entendre la voix de ses compatriotes répéter dans tous les cafés d’Alger : « Après tout, pourquoi pas ? Puisque la France ne veut pas de nous, pourquoi vouloir rester Français à tout prix ? Cela fait plus de cent trente années que nous vivons avec eux, pourquoi ne pas continuer ? Nous serons Algériens au lieu d'être Français. Qui sait si cela ne vaut pas mieux ? » [6], lui et son OAS choisirent la violence, le sabotage et la terreur : « mettre Alger à feu et à sang, faire de Bab-el-Oued un nouveau ghetto », comme le relatait Gilles Camille [7]. De la même façon, à la main tendue d’Abderrahmane Farès qui assurait à son interlocuteur Jean-Jacques Susini que « l’Algérie de demain est prête à accueillir tous les hommes de bonne volonté et à oublier le passé, pour repartir sur des bases solides » [8], ils opposèrent leur impardonnable politique de la « terre brûlée » et commirent des crimes racistes qui ont nourri une haine indescriptible entre les communautés… Cette « folie » meurtrière d’un extrémiste qui cherche aujourd’hui à se réhabiliter aux yeux des pieds-noirs et du monde entier en se faisant passer pour un résistant d’une présumée chrétienté menacée, était lourde de conséquences.

 

La guerre d’Algérie et la prétendue « épuration ethnico-religieuse »

 

Le deuxième texte est une « analyse » concoctée par un certain Michel Gurfinkiel et publiée dans une des éditions de Valeurs Actuelles [9]. J’ai mis analyse entre guillemets de façon intentionnelle, car force est de constater que ce mot dont la signification fait pourtant référence à un examen minutieux d’une situation en vue d’en dégager des éléments d’explication reconnus pour vrais, devient, de nos jours, un terme fourre-tout que de nombreux journalistes emploient hélas très souvent afin d’ajouter à leurs articles le soupçon de crédit qui leur fait défaut. Bien que Gurfinkiel consacre ici son papier à la tuerie de Toulouse dont l’auteur est un pur produit de la société française et de ses banlieues, il trouve quand même le moyen de s’aventurer dans des digressions à la fois insidieuses et perfides à la recherche d’un sens à donner coûte que coûte à cette folie meurtrière. Imprégnée d’un esprit superstitieux des plus infâmes qui voit partout des « coïncidences » et des « signes du destin », sa réflexion franchit la Méditerranée et va dénicher de l’autre bord un lien d’ordre temporel, d’une absurdité qui laisse pantois, entre le destin des victimes toulousaines de ce crime ignoble et le sort des colons européens à la fin de la guerre d’Algérie. « Autre coïncidence, écrit-il, – et autre signe de destin : l’attentat antijuif de Toulouse a eu lieu le 19 mars 2012, cinquante ans jour pour jour après la signature d’un ‘cessez-le-feu’ entre la République et le FLN qui devait conduire, certes, à l’indépendance de l’Algérie, le 3 juillet suivant, mais aussi à une épuration ethnico-religieuse qui contraignit à l’exil tous les Algériens non musulmans (chrétiens ou juifs) ; et qui fut, pour les Algériens musulmans qui avaient choisi la France, une condamnation à mort. » [10]

 

À la place de se déclarer choquer par l’horrible génocide que fut la colonisation de l'Algérie et ses conséquences sur la vie d’un peuple autochtone qui a été injustement dominé et maintenu au statut de sujet pendant plus d’un siècle, l’auteur préfère plutôt se lamenter sur le sort d’une poignée de privilégiés au sens citoyen du terme qui ont lié leur destin à celui de l’abominable France coloniale. Pire encore, il tient à ce sujet des propos qui véhiculent des contrevérités pour le moins inacceptables et déforment la réalité telle qu’elle a été vécue vers la fin de la guerre de libération nationale. Faut-il préciser ici que les « Algériens non musulmans » auxquels il fait référence, appelés également « Pieds-Noirs » ou « Français d’Algérie », étaient les descendants de colons de souche européenne qui sont venus s’installer, dès 1835, dans un pays qui ne leur appartenait pas, et incluaient, au gré du bon vouloir de l’ordre colonial, une minorité juive établie depuis plus longtemps. Ne représentant qu’à peine un dixième (environ 1 million) de la population algérienne qui comptait, à la veille de l’indépendance, plus de 9 autres millions d’habitants de confession musulmane, cette minorité dominante s’est opposée par tous les moyens à l’autodétermination d’un peuple longtemps assoiffé de justice, d’égalité et de liberté, lui refusant ainsi l’accès à l‘une ou l’autre des trois possibilités que cette autodétermination pouvait offrir : la francisation (un seul pays réunissant la France et l'Algérie et dont tous les citoyens ont les mêmes droits), l'autonomie (une fédération entre la France et l'Algérie) et la sécession (conduisant à l'indépendance du pays). Elle déniait, par le fait même, à la majorité dominée tout droit de s’affranchir de l’abominable ordre colonial auquel elle fut soumise pendant 132 ans.

 

En effet, la plupart de ces « Algériens non musulmans », comme il les prénomme, avait choisi le camp de l’Algérie française et cherché, par conséquent, à condamner le reste des Algériens musulmans au statut de l’indigénat. L’idée qu’un jour, ils seraient amenés à cohabiter d’égal à égal avec « ces êtres inférieurs » leur était insupportable. Ils préféraient les garder continuellement à leur service pour une bouchée de misère plutôt que de les voir promouvoir au rang de citoyens à part entière. Avec une mentalité aussi exécrable – c’est le moins que l’on puisse dire –, il n’est pas surprenant qu’une bonne partie d’entre eux ait lié son destin à celui des terroristes sanguinaires de l’Organisation armée secrète (OAS) ou soutenu leur politique de « terre brulée » et de terreur envers les musulmans majoritairement partisans de l’Algérie indépendante. Cette alliance entre l’OAS et la population européenne d’Algérie, dont une majorité craignait de perdre ses privilèges et d’être amenée, par conséquent, à partager une même citoyenneté avec des « indigènes » au statut inférieur, n’est pas une vue de l’esprit. Elle fut réelle comme le faisaient entendre les propos tenus par Marc-Jean Lauriol, député d’Alger, dans sa déposition à l’audience du 19 mai 1962 du procès contre le général Salan (15 au 23 mai 1962) : « l’OAS, disait-il, est née de la population algérienne (de souche européenne) (…) Cette OAS est tellement diluée dans la population » [11]. Cette déclaration qui ne laisse subsister aucun doute sur le soutien indéfectible des pieds-noirs aux activités terroristes de l’OAS fut réitérée à sa manière par Jean-Marc Kalflèche, avocat à la Cour d’Alger, dans sa déposition à l’audience du 21 mai 1962 : « il y a, précisait-il, un peu plus d’un million d’Européens en Algérie et, si l’on compte ceux des Musulmans qui nous étaient demeurés fidèles, on peut en mettre un peu plus d’un million aussi (…) l’OAS, c’était tout cela. » [12] C’est précisément cette frange de pieds-noirs impliqués directement et/ou complices des crimes commandités par Raoul Salan, Jean-Jacques Susini, Jean-Claude Perez et consorts qui a subi, dans les faits, la colère et la violence des « autochtones » au lendemain des Accords d’Évian. C’est également cette catégorie de pieds-noirs « qui, au nom de l’OAS, ont chassé les musulmans, comme le rappelait Guy Pervillé, des quartiers européens par des meurtres en série et les ont harcelés dans leurs quartiers par des bombardements de mortier ou des explosions de voitures piégées » [13]. Contrairement à ce que l’on peut raconter, la violence, à la fois spontanée et non concertée qui s’en est suivie, s’exprimait en réaction à ces multiples attentats commis à l’égard de la majorité musulmane et ciblait essentiellement les activistes de de l’OAS (deux-tiers de la liste connue de ses membres étaient des civils volontaires), leurs familles et leurs sympathisants parmi la population européenne. On ne peut d’aucune façon l’assimiler à la prétendue « épuration ethnico-religieuse » dont parle l’auteur.

 

Le reste dont la vie n’a jamais été mise en danger se divisait en revanche en trois groupes relativement distincts :

 

- d’abord, ceux qui se sont engagés dans la lutte pour l'indépendance en soutenant le FLN contre l'armée française ; ils étaient une minorité, plutôt de gauche, et ont souffert de la terrible répression des autorités françaises : certains d’entre eux ont été victimes d’attentats perpétrés par l’OAS ; plusieurs ont été internés sans jugement dans des camps de l’armée française ; quelques-uns ont même été exécutés alors que d’autres sont restés en Algérie plusieurs années après l’indépendance. Ils ont participé, chacun selon ses propres compétences, à l’édification des institutions de l’Algérie nouvelle ;

 

- ensuite, ceux qui refusaient d’adhérer aux idées fascistes de l’OAS et n’approuvaient pas ses actions meurtrières et dévastatrices. Ils ont choisi de rester en Algérie et n’ont jamais été inquiétés. Plusieurs d’entre eux ont occupé des postes clés dans les différentes administrations de l’Algérie indépendante ;

 

- et enfin, ceux qui partageaient les idées de l’OAS mais n’avaient toutefois pas les mains tâchées du sang des victimes algériennes. Plusieurs d’entre eux ont pris panique et ont quitté le pays pour aller s’installer sur l’autre rive de la Méditerranée. D’autres, en revanche, sont restées sur place plusieurs années après l’indépendance et n’ont fait l’objet d’aucune tentative de représailles de la part des Algériens musulmans.  

 

De nombreux historiens affirment qu’une proportion non-négligeable (un peu plus de 20 %) de ces pieds-noirs est restée en Algérie au lendemain de la guerre. On estimait leur nombre à environ 200 000 personnes en octobre 1962 et entre 50 000 et 60 000 au 31 juillet 1965 [14]. Le journaliste Pierre Daum qui, en 2008, cherchait à savoir que sont-ils devenus, rappelait que « sur le million de (de population de souche européenne) que comptait l’Algérie coloniale (pour neuf millions et demi de musulmans), cent cinquante mille sont partis avant 1962 et six cent cinquante et un mille pendant l’année 1962. » [15] Après cette date, les départs étaient motivés par d’autres raisons qui n’avaient plus rien à voir avec les craintes réelles ou supposées de représailles. Certains, dont toute la famille et les amis étaient partis, se sentaient seuls et finissaient par aller les rejoindre. « D’autres (ont quitté parce que), ayant perdu leur clientèle, n’ont jamais réussi à relancer leurs affaires. Des vieux, dont les enfants vivaient en France (…) (décidaient de partir également car, en raison de leur âge) (…) avaient du mal à s’en sortir seuls (…) Et puis, il y a tous ceux qui sont morts de vieillesse. » [16] Vers la fin des années soixante, avec la réforme agraire qui visait la répartition les terres arables de façon équitable à tous les Algériens et la nationalisation des grands domaines fonciers indistinctement appliquée à l’ensemble des propriétaires terriens aussi bien musulmans que non musulmans, plusieurs Pieds-Noirs, restés jusque-là en Algérie, ont préféré retourner terminer leurs jours en France. À partir du début des années soixante-dix, leur effectif devenait de plus en plus imprécis parce que leur « histoire (…) n’a pas été écrite », comme le constatait Benjamin Stora. Les sources avancent des chiffres très souvent contradictoires. En 1979, Daniel Junqua, alors journaliste au quotidien français Le Monde, estimait leur nombre entre 3 000 et 4 500 personnes dont la moyenne d’âge se situait aux alentours de 70 ans [17]. En 1993, ils auraient été 30 000, selon Hélène Bracco [18]. Aujourd’hui, leur nombre se situerait autour de 4 500, selon Guy Bonifacio, président de l’Association des Français de l’étranger (ADFE) d’Oran, et pas plus de 300, selon le Consulat de France à Alger [19].

 

La guerre d’Algérie et le mythe de « la valise et le cercueil »

 

Je ne voudrai pas laisser passer ici l’occasion sans glisser quelques mots sur la mythe de « la valise ou le cercueil » que les pieds-noirs évoquaient à posteriori pour justifier leur départ précipité d’Algérie. De l’avis de nombreux historiens, l’origine exacte de cette fameuse expression est très confuse. Beaucoup l’attribue à l’OAS, dont « les crimes racistes ont creusé un fossé de haine infranchissable entre les communautés », comme le rappelait Guy Pervillé [20], alors que d’autres l’imputent volontiers aux nationalistes algériens et plus exactement aux « radicaux » du FLN qui luttaient pour l’indépendance du pays et ne cessaient d’appeler « les Algériens d’origine européenne ou juive à soutenir (leur) action pour mériter leur place dans l’Algérie future » [21]. Dans son article, intitulé : « La valise ou le cercueil : un aller-retour dans la mémoire des pieds-noirs », Amy L. Hubbell a tenté de retracer son histoire [22]. Sa quête, qui ne présente toutefois que la version des prétendues « victimes » de ce slogan et occulte complètement celle de ses présumés « auteurs », la fait remonter au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ainsi, il semblerait qu’il fut évoqué pour la première fois, en 1946, par un écrivain français, Paul Reboux, rendu célèbre pour ses pastiches littéraires [23]. Il figurait, en effet, dans le titre d’un de ses ouvrages intitulé : « Notre (?) Afrique du Nord : Maroc, Algérie, Tunisie. La valise… ou le cercueil » et où l’on peut lire : « Tandis que ronronne le moteur, je suis obsédé par une petite inscription que l’on a pu voir sur les murs de certaines villes d’Algérie : la valise… ou le cercueil ! Voilà les cordiaux conseils, voilà les aimables avertissements donnés par certains indigènes aux Européens, et lisibles sur les murs, tracés au goudron, charbonnés, peints à l’huile, ou même imprimés sur ces petits papillons de papier dont usent les propagandistes. »

 

Rien dans ces propos ne dit que cette expression n’ait pas été inventée tout simplement par l’auteur lui-même. Rien ne laisse présumer également qu’elle constituait un mot d’ordre ou une consigne commune à l’ensemble des Algériens musulmans. Aucun indice n’est fourni aussi sur l’identité de ses présumés auteurs. Paul Reboux est très imprécis. Il parle de « certains indigènes » sans fixer pour autant leur nombre ni préciser leur identité. En outre, rien non plus dans ses propos ne mentionne les destinataires de cet avertissement. Ce slogan visait-il la population européenne tout entière ou était-il destiné uniquement aux soldats des forces coloniales impliqués dans les répressions sanglantes des « indigènes » et les massacres du 8 mai 1945 ? Tout laisse croire que ces derniers en étaient particulièrement visés. En tout cas, dans ses « Mes mémoires » [24], publiées dix années plus tard, les propos de Paul Reboux privilégient plutôt cette piste : « voilà, écrit-il, pourquoi il faut renoncer à l'Afrique du Nord, et faire notre valise si nous ne voulons pas que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc se garnissent de cercueils contenant des soldats français. »

 

Par ailleurs, il convient de préciser également que l’origine de ce slogan ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté des pieds-noirs. Le général Maurice Faivre, connu pour avoir recruté de nombreux harkis durant la guerre de libération nationale, prétend que ce simple slogan, qui aurait supposément mis toute la population européenne d’Algérie en émoi et semé chez elle tant de terreur à tel point qu’elle quitta précipitamment « le pays de ses ancêtres », serait apparu à Constantine dans un tract datant de 1946. Il aurait été, selon lui, forgé et diffusé par un « courant populiste des nationalistes (algériens) les plus radicaux, dont l’un des représentants, Ben Tobbal, exigeait le rejet des Européens, à l’exception des juifs. » [25] Jean-Pierre Bartolini, rédacteur de la petite gazette électronique La Seybouse, abonde presque dans le même sens, mais attribue ce slogan à un tout autre acteur. Dans une lettre [26] adressée à Amy L. Hubbell, il incrimine en premier lieu le Parti communiste algérien (PCA). Selon lui, cette organisation politique aurait repris à son compte ce mot d’ordre que les communistes espagnoles avaient fait circuler durant la guerre civile en Espagne pour éliminer leurs ennemis idéologiques, que les nazis avaient lancé également contre les Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et que les communistes russes avaient donné à leur militants pour chasser leurs ennemis lors de la révolution bolchevique. Si l’on se fie à ce pied-noir de mauvaise foi, qui peine à cacher son mépris le plus absolu à l’égard des indigènes « arabo-berbères » [27], ce « terrifiant » slogan aurait été « prononcé pour la première fois pendant les émeutes de Sétif », Kherrata et Guelma de mai et juin 1945. Ce qu’il appelle ici incorrectement « émeute » fut en réalité une manifestation pacifique à l’origine qui, organisée par le Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj, réclamait l’abolition de l’ordre colonial et l’indépendance de l’Algérie. Elle a tourné à l’émeute qui s’est terminée avec la mort de 102 Européens et une répression d’une sauvagerie abominable à l’échelle de tout le Constantinois ayant fait « plusieurs milliers de victimes du côté des Algériens » et non 1 500 morts comme l’annonçait à l’époque le bilan officiel. [28]

 

Pour sa part, l’historien pied-noir Jean Monneret l’impute au PPA. Dans un message destiné à A. L. Hubbell en mars 2007, il prétend que ce parti nationaliste aurait lancé ce mot d’ordre à l’automne 1946 [29] en Kabylie et « visait les Musulmans francophiles, les fonctionnaires et les candidats » aux élections qu’il appelait à boycotter. René Gallissot l’attribue plutôt au Front de libération nationale (FLN) à partir de 1955 [30]. Bartolini, qui collait se slogan au PCA, soutient qu’il fut totalement oublié pendant plus de dix ans puis réapparait soudainement, en 1959, lorsque le général De Gaulle a ouvert la porte à l’éventualité d’une indépendance de l’Algérie.

 

Il est tout de même étonnant de constater qu’à peine 50 ans plus tard, les pieds-noirs, qui lient pourtant leur départ de l’Algérie à ce fameux slogan, ne soient plus en mesure de s’entendre sur son origine, ni sur l’identité de ses présumés auteurs et sa date d’apparition. Cette forme « d’amnésie collective » - c’est le moins que l’on puisse dire – suscite étonnement et interrogations. L’expression de « la valise ou le cercueil » ne serait-elle pas plutôt un mythe construit de toutes pièces par une population qui n’acceptait pas de vivre sous un autre drapeau que celui de leur mère-patrie la France ?  Ne serait-elle pas, en d’autres termes, le fruit d’une représentation déformée et amplifiée tout à la fois de certains événements, que l’imagination collective a élaborée à posteriori pour donner un autre sens à un départ dont la vraie raison, celle de vouloir maintenir un ordre colonial qui leur soit favorable, comme en témoigne ce slogan de l’OAS : « L'Algérie est française et le restera », serait certainement condamnable sur le plan moral ? Peu importe les réponses que l’on pourrait apporter à ces questions, un fait reste néanmoins indéniable : il est inconcevable qu’en 1962, il y ait eu en Algérie un million de pieds-noirs menacés de mort de façon individuelle et l’idée même d’un exode provoqué par un sentiment d’insécurité, réelle ou supposée, relève d’une thèse qui demeure à nos jours très discutable. Les témoignages rejetant totalement cette idée sont nombreux. Aurel et Pierre Daum [31] en ont rapporté plusieurs qui vont tous dans le même sens et que Jean-Bernard Vialin, un Français d’Algérie qui n’a jamais été tenté par cet exode, résume en ces termes : « La grande majorité des pieds-noirs, rappelait-il, a quitté l’Algérie non parce qu’elle était directement menacée, mais parce qu’elle ne supportait pas la perspective de vivre à égalité avec les Algériens ! » [32] Ce motif, que les pieds-noirs tentent d’occulter en évoquant le mythe de « la valise ou le cercueil », revenait sans cesse dans la soixantaine de témoignages recueillis par Hélène Bracco qui, au début des années 1990, a parcouru l’Algérie à la recherche de pieds-noirs encore vivants : « la vraie raison, disait-elle, du départ vers la France se trouve dans leur incapacité à effectuer une réversion mentale. Les Européens d’Algérie, quels qu’ils soient, même ceux situés au plus bas de l’échelle sociale, se sentaient supérieurs aux plus élevés des musulmans. Pour rester, il fallait être capable, du jour au lendemain, de partager toutes choses avec des gens qu’ils avaient l’habitude de commander ou de mépriser » [33].

 

Cela dit, même si aujourd’hui les pieds-noirs sont nombreux à contester l’attribution de ce slogan à l’OAS, il n’en demeure pas moins que les responsables et les membres de cette organisation l’ont exploité de façon tendancieuse en vue de provoquer une vague de panique généralisée chez les Européens et les rallier à leur cause. L’historien Charles Ageron partage ce point de vue. Dans un article consacré aux Accords d’Évian [34], il affirme que « l’OAS a fait plus que saboter (ces) accords (…) Elle provoqua la panique des Européens qui, redoutant de prévisibles représailles, quittèrent par centaines de milliers leur pays natal. L’OAS avait expliqué aux Français les garanties d’Évian par cette formule : ‘Trois ans pour choisir entre la valise et le cercueil, voilà le résultat de trois ans de politique gaulliste’. » C’est cette organisation terroriste qu’il faudrait blâmer aujourd’hui car, en agitant le spectre de « la valise ou le cercueil » et mettant à exécution sa politique de la « terre brûlée », elle « a réussi à (…) contraindre (la plupart des pieds-noirs) à l’exil dans les trois mois qui suivirent le cessez-le-feu ». Gurfinkiel devrait méditer longuement cette vérité et rechercher plutôt ailleurs sa grossière « épuration ethnico-religieuse », notamment dans le système colonial lui-même, en Allemagne nazie ou en France sous le régime de Vichy. Par ailleurs, s’il pense pouvoir culpabiliser les Algériens, en évoquant cette absurdité en ce cinquantenaire de leur indépendance, il se gourait royalement. Car ceux et celles qui ont pris les armes, le 1er novembre 1954, pour mettre fin à l’Algérie française et permettre à l’Algérie algérienne de voir enfin le jour demeurent inébranlables dans leurs convictions d’avoir mené une guerre juste, celle de la libération de leur patrie, et été les auteurs d’« une violence révolutionnaire légitime, comme disait A. Ghezali, que (leurs enfants et plusieurs générations futures) seraient prêts à engager de nouveau si le besoin se fait sentir. » [35] Après tout, cette violence leur a été imposée par la France coloniale qui a occupé leur terre sans leur consentement…

 

Notes

 

[1] Abed Charef, « Nouvelles guerres d’Algérie », in : Le Quotidien d’Oran, 13 mars 2012, disponible en ligne à : http://abedcharef.wordpress.com/author/abedcharef/.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Diffusée par FrancePhi.com et les éditions Dualpha, cette interview fut ensuite publiée par plusieurs sites web, notamment par Medias Libres : http://www.mediaslibres.com/tribune/post/2012/03/19/L-assassinat-de-l-Algerie-francaise.

[5] Jean-Claude Pérez, L’assassinat de l’Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle, Paris : Éditions Dualpha, coll. : Vérités pour l’Histoire, 550 p.

[6] Gilles Camille, Jésus et ses apôtres, Paris : Julliard, 1973, pp. 297-305, disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.algerie-francaise.org/oas/jesus.shtml.

[7] Ibid.

[8] Ibid. Faut-il rappeler ici que, du côté algérien, de nombreux textes émanant du FLN circulaient à cette époque et appelaient tous les Algériens sans discrimination raciale ou religieuse à l’union. La réconciliation entre tous les enfants sincères de l’Algérie faisait partie des préoccupations du FLN. Lire à ce sujet : Mohammed Harbi, Gilbert Meynier, Le FLN, documents et histoire, 1954-1962, Paris : Fayard, 898 p.

[9] Michel Gurfinkiel, « Le signe du destin », in : Valeurs Actuelles, № 3930, 22 au 28 mars 2012, p. 10.

[10] Ibid.

[11] Cette transcription est publiée dans : Manifestation Pieds-Noirs 2012, sous le titre de : « OAS dernière solution », 3ème Partie, 21 décembre 2011, disponible en ligne à l’adresse web suivante : http://manifpn2012.canalblog.com/tag/fran%C3%A7aise/p30-0.html.

[12] Ibid.

[13] Guy Pervillé, « Le FLN voulait-il des Pieds-noirs ? », interview accordée à : Science et vie, Hors-série : Algérie 1954-1962, la dernière guerre des Français, novembre 2004, pp. 129-140 et 143, une copie de cette interview est disponible à : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=161.

[14] Jean-Louis Planche, « Français d'Algérie, Français en Algérie (1962-1965) », in : Les Accords d'Évian : en conjoncture et en longue durée (actes de colloque), Éditions : René Gallissot, 1997, pp. 104-105.

[15] Pierre Daum, « Combien sont-ils ? », in : Le Monde diplomatique, mai 2008, disponible en ligne à l’adresse : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/05/DAUM/15872.

[16] Ibid.

[17] Daniel Junqua, Le Monde, 26 juin 1979, cité par : Pierre Laffond, Histoire de la France in Algérie, Paris : Plon, 1980, p. 508.

[18] Citée par : Pierre Daum, « Combien sont-ils ? », op.cit.

[19] Aurel Daum, Pierre Daum, « Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie », in : Le Monde diplomatique, mai 2008, p. 16-17, disponible en ligne à l’adresse web suivante : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/05/DAUM/15870#nh8.

[20] Guy Pervillé, « Le FLN voulait-il des Pieds-noirs ? », op. cit.

[21] Par exemple, cette lettre circulaire aux Européens de la wilaya 4, à l’été 1961, qui évoque « l’union de tous les Algériens sans discrimination raciale ou religieuse », « la réconciliation nécessaire entre tous les enfants sincères de l’Algérie » (in Harbi-Meynier, Le FLN, documents et histoire, p. 597).

[22] Amy L. Hubbell, « La valise ou le cercueil : un aller-retour dans la mémoire des Pieds-Noirs », in : Revue Diasporas : histoire et sociétés, № 12, octobre 2008, pp. 199-207.

[23] De son vrai nom Paul-Henri Amillet, Paul Reboux est un écrivain français (1877-1963) qui, outre des romans (Maisons de danses, 1904 ; Romulus Coucou, 1921), des études plus ou moins historiques (Madame se meurt, Madame est morte, 1932 ; la Belle Gabrielle, 1954) et ses essais humoristiques (le Nouveau Savoir-Vivre, 1930), est particulièrement connu pour ses pastiches littéraires (À la manière de..., 1908-1950) dont les premiers furent écrits en collaboration avec Charles Müller. Il est également un touche-à-tout qui a flirté avec la peinture, la critique littéraire et gastronomique, l’univers du roman, des biographies, des récits de voyages, des ouvrages d'histoire naturelle et des livres pour enfants. Sa démarche en pastiche littéraire se résume en trois points : choisir un écrivain connu du grand public, repérer ses thèmes récurrents et en exagérer l'importance. Dans son livre, intitulé : « L'inconnue française : la France et les Belges francophones, 1944-1945 » (p. 209), Catherine Lanneau rappelle, dans une note de bas de page, son parcours professionnel : « Membre, écrit-elle, du comité directeur de L’Art Libre en 1898, il entre au Journal en 1908 et en devient directeur littéraire deux ans plus tard, tout en rédigeant la chronique dramatique L’intransigeant. Chef adjoint de la propagande à la Maison de la presse de 1916 à 1918, il assuma, dans l’entre-deux-guerres, la critique artistique, cinématographique, politique et gastronomique. Dans les années 1930, il écrivit pour Le Petit Parisien et produit des émissions de radio. » Pendant l’occupation nazie, les Allemands lui proposèrent de prendre la direction de Paris Soir alors sous leur contrôle. Il déclina cette offre et s’installa en Algérie de 1945 à 1947. De ce séjour de presque quatre ans à Oran, il tira son : « Notre (?) Afrique du Nord. Maroc, Algérie, Tunisie. La valise… ou le cercueil » (Bruxelles : éditions Chabassol, 1946, 317 p.).

[24] Paul Reboux, Mes mémoires, Paris : Éditions Haussmann (Impr. de Baguenier Desormeaux), 1956.

[25] Maurice Faivre, « Les faits doivent être rétablis à propos du slogan "La valise ou le cercueil" », in : Revue Algerianiste, № 120, décembre 2007, cité par A. L. Hubbell, p., op. cit., p. 203.

[26] Jean-Pierre Bertolini, « La valise ou le cercueil », in : La Seybouse, N° 67, novembre 2007, disponible en ligne à : http://www.seybouse.info/seybouse/infos_diverses/mise_a_jour/maj67.html.

[27] Faut-il rappeler que, dans sa lettre, il n’hésite pas de les traiter à la fois d’ « inintelligents » et d’« arriérés dans leur grande majorité, avec des pratiques ancestrales de (…) barbarie, (n’ayant) pas connu ou profité des bienfaits de la colonisation », lire : Jean-Pierre Bertolini, « La valise ou le cercueil », op. cit.

[28] Guy Pervillé, « Sétif : enquête sur un massacre », in : L’Histoire, № 318, mars 2007, pp. 44-48 ; Benjamin Stora, « France-Algérie : la guerre des mémoires », (propos recueillis par Daniel Bermond), in : L’Histoire, № 356, septembre 2010, pp. 8-16.

[29] A. L. Hubbell, op. cit., p. 202.

[30] René Gallissot, « Syndicalisme et nationalisme : la fondation de l’Union nationale des travailleurs algériens, ou du syndicalisme CGT au syndicalisme algérien (1954-1956-1958) », in : Le Mouvement social, № 66, janvier 1969, pp. 17-18, cité par  A. L. Hubbell, op. cit., p. 203.

[31] Aurel et Pierre Daum, « Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie », in : Le Monde diplomatique, op.cit. Cet article a donné lieu à un livre plus étoffé et non moins passionnant qui, s’appuyant sur des témoins, issus de la communauté pied-noire qui est restée en Algérie après l’indépendance, relatent ce qui s’est réellement passé au moment de l’exode : Pierre Daum, Ni valise ni cercueil. Les Pieds-noirs restés en Algérie après l'Indépendance, (préface : Benjamin Stora), Paris : Actes Sud, 432 p.

[32] Pierre Daum, op. cit.

[33] Ces témoignages ont fait l’objet d’un livre qu’elle publia en 1999. Lire Hélène Bracco, L’Autre Face : « Européens » en Algérie indépendante, Paris : Paris-Méditerranée, 1999, cité par : Pierre Daum, op. cit. Lire aussi : Anis Allik, Dominique Lagarde, « Français d'Algérie: deux sœurs, une mer », in : L’Express.fr, 17 mars 2012, disponible en ligne à : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/francais-d-algerie-deux-soeurs-une-mer_1094027.html et Juliette Bénabent, « Ces Français restés en Algérie », in : Télérama.fr, 15 mars 2012, disponible en ligne à : http://www.telerama.fr/monde/ces-francais-restes-en-algerie,78940.php. Lire également Pierre Daum, « L’heure des choix. Ces pieds-noirs qui ont décidé de rester », in : Géo Histoire : 1830-1962. L’Algérie. De la conquête française à l’indépendance, № 2, avril-mai 2012, pp.93-101.

[34] Charles Robert Ageron, « Les Accords d’Évian (1962) », in : Vingtième siècle. Revue d’Histoire, № 35, juillet 1992, p. 14, cité par A. L. Hubbell, op. cit., p. 203.

[35] Abdelkrim Ghezali, « Les Algériens ronronnent, racontent des histoires et oublient l’Histoire », in : La Tribune, 12 mars 2012, disponible à : http://www.latribune-online.com/evenement/65094.html.

 

Mots clés : Guerre d’Algérie, FLN, OAS, la valise et le cercueil, PPA, PCA, Pieds-noirs, indigènes, ordre colonial, terrorisme, indépendance, Accords d’Évian.

 

Pour citer cet article :

 

Azzedine G. Mansour, « Guerre d’Algérie et l’exode des pieds-noirs. Remettre les pendules à l’heure… », in : Libres Expressions, 12 avril 2012 (http://Azzedine-GM.blog4ever.com/blog/lire-article-501249-9244106-guerre_d_algerie_et_l_exode_des_pieds_noirs_.html).

 



16/04/2012
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